vendredi 17 janvier 2014

Chronique livre n°17

Le quatrième mur, Sorj Chalandon
327 pages
Editions Grasset


[Prix Goncourt des Lycéens 2013]


4ème de couverture« L'idée de Sam était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre, en prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé.
Samuel était grec. Juif, aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour, il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre, à moi, petit théâtreux de patronnage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982, main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne... »

Mon avis : C'est tout d'abord le résumé qui m'a attirée vers ce livre. Pourtant assez loin de mes goûts littéraires, mais après avoir  entendu quelques avis très positifs, je me suis lancée dans ma lecture. Et je n'ai pas été déçue. 
Enchaîné directement après Hunger Games, j'ai eu un petit temps d'adaptation pour repasser au style un peu plus "évolué" de la littérature adulte (Hunger Games est bien écrit mais qu'on se le dise, les romans ados ne font pas forcément frétiller notre cerveau !) 

En lisant la 4ème de couverture, ça me faisait penser un peu au film "l'esquive" avec Sara Forestier, où des jeunes de banlieue montent une pièce de théâtre (du Marivaux il me semble). Cet univers où le théâtre se présente comme une ouverture d'esprit ou encore une trève comme dans "Le quatrième mur", je trouve cela formidablement beau

J'ai été touchée par cette histoire. Je ne suis pas du tout adepte des récits sur fonds politique et pourtant, ici tout fonctionne. L'auteur le présente d'une telle manière que c'est intéressant, compréhensible, on a même envie de se renseigner, d'en savoir plus lorsqu'on termine le livre. L'histoire se passe dans les années 80 mais malheureusement ce sont des sujets qui sont toujours d'actualité et ça, c'est dur à imaginer. C'est difficile de se dire qu'en ce moment même des gens s’entre-tuent pour des histoires de religions, de terre ou je ne sais quoi. Que des enfants, des femmes et des hommes subissent ce calvaire chaque jour sans n'avoir rien demandé. (Je m'égare un peu, je ne vais pas refaire le monde à travers ma chronique...)

On suit donc Georges, à travers son aventure folle d'aller monter Antigone, en plein milieu d'une guerre avec des acteurs amateurs de tous les horizons, prédestinés à se détester. 
D'un côté, il y a sa famille en France, sa femme et sa fille qui l'attendent ne sachant pas s'il va revenir vivant, et de l'autre tous ces étrangers, sa nouvelle famille qui lui ferait presque oublier la première, qu'il va essayer de protéger afin d'arriver jusqu'au projet final. Et puis bien sûr il y a Samuel, à qui il a promis qu'il montrait la pièce, coûte que coûte, comme lui l'avait prévu. 

Tout est beau dans ce livre, j'ai ressenti des émotions que je n'avais jamais ressenties en lisant un livre auparavant, j'ai déjà eu le coeur serré mais pas de la même manière. Ça va peut-être paraître exagéré mais après tout, c'est sûrement parce que je n'ai jamais vraiment lu des livres de ce genre, je me suis sentie changée après cette lecture, comme si ma vision du monde n'était plus la même. Et cela prouve à mes yeux que c'est un pari réussi pour Sorj Chalandon qui mérite à 100% son prix Goncourt des lycéens.

Ça m'a fait du bien de me plonger dans une lecture qui demande une certaine réflexion. On s'interroge, on se pose des questions sur tout, les Hommes, la politique, les religions, etc.

Je conseille donc vivement ce roman que j'ai trouvé époustouflant, ce n'est pas une lecture légère mais elle reste très abordable. 

Ce livre est une petite pépite d'émotions, de justesse et de beauté.

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